Alors que plus de la moitié des Tunisiens disent ne jamais acheter de livres, les moins de 30 ans développent depuis quelques années clubs de lecture, chaînes YouTube et autoédition pour créer une scène littéraire alternative
TUNIS – Wissam Wakim et ses acolytes ont choisi une manière atypique de finir l’été. Entre les parasols et les transats, sur la plage de Gammarth en banlieue-Nord de Tunis, chacun a apporté son livre de chevet pour en parler autour d’un évènement intitulé « Baignade littéraire ».
« Au début, j’ai créé des clubs de lecture à La Marsa (banlieue-Nord de Tunis) puis j’ai voulu ajouter un aspect ludique à ces rencontres pour attirer davantage de lecteurs. J’ai organisé des speed booking – un peu comme le speed dating mais où chacun doit séduire avec son livre –, des pique-niques littéraires et aussi des baignades », raconte Wissam à Middle East Eye, paré pour la plage avec ses lunettes de soleil et son short de bain.
Excepté qu’après une trempette rapide, il préfère parler de l’ouvrage qu’il a amené, Des coccinelles dans des noyaux de cerise, de Nan Aurousseau, qui raconte le récit d’un meurtrier dans sa cellule.
Selon une étude réalisée en 2016, 79 % des Tunisiens déclarent ne pas acheter de livres – à l’exception du Coran et des revues ou journaux
À ses côtés, Hassen Saadi, technicien en informatique et cofondateur d’un autre club de lecture, le Tunis Book club, va parler d’une dystopie (fiction dépeignant une société imaginaire organisée de telle façon qu’elle empêche ses membres d’atteindre le bonheur) qu’il lit en anglais, Brave New World (Le meilleur des mondes), d’Aldous Huxley.
Original et confidentiel, le monde des passionnés de lecture en Tunisie se limite à quelques centaines de personnes qui accorderaient une partie de leur budget à la foire du livre qui se tient chaque année à Tunis.
Chez les moins de 30 ans, la lecture se vit à travers ces clubs de lecture organisés par la jeunesse, le succès des « booktubeuses » – jeunes accros à la lecture qui se mettent en vidéo sur YouTube pour parler de leurs coups de cœur ou faire une critique d’un livre mais aussi de jeunes écrivains qui n’hésitent pas à s’autoéditer ou à passer par de nouvelles maisons d’éditions quand ils n’ont pas de contact via les canaux classiques.
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