میادین صعبة الولوج و مواضیع ذات حساسیة : القیام بالأبحاث المیدانیة في المغرب العربي و الشرق الأوسط
Institut Universitaire de la Recherche Scientifique, Rabat, Maroc
14 et 15 février 2019
Les difficultés « du terrain » se trouvent de plus en plus au centre des préoccupations de la recherche en sciences sociales. Les cas extrêmes, comme la guerre et le terrorisme, annoncent même sa possible disparition. Mais se limiter à ces cas de figure, c’est laisser de côté un grand nombre de sujets autrement plus complexes et plus difficiles. Ce colloque souhaite les aborder en focalisant sur le Maghreb et le Moyen-Orient.
Trois axes principaux sont privilégiés :
1. La collecte des données.
Dans la collecte des données, pourront être considérées la rencontre avec les acteurs sur le terrain, la construction de la réalité dans des conditions extrêmes ou inconfortables, les dommages collatéraux touchant les chercheurs (la perte d’enfants , les troubles post-traumatiques, la culpabilité de laisser derrière soi des personnes devenues des proches ou des amies), les modalités de négociations par lesquelles la recherche parvient à être acceptée ou les interruptions impromptues qui la stoppent.
« le duel entre permission et interdiction » (Hlaoua 2017)
Comment se réalisent à chaque fois « le duel entre permission et interdiction » (Hlaoua 2017) et les résistances de part et d’autre ? À quels moments apparaissent des positions incommensurables et fatales pour les suites de la recherche et comment la durée intervient-elle dans la compréhension et la restitution d’un terrain difficile ? Comment, enfin, l’éthique, lorsqu’elle échappe un tant soit peu aux impératifs des organisations de financement et aux effets de mode, permet–elle la reformulation de la question de la responsabilité non seulement du chercheur mais aussi de la connaissance qu’il produit ?
2. La restitution.
Comme le notent Valérie Amiraux et Daniel Cefaï (2001), la restitution est un moment qui peut s’avérer plus délicat que celui de la collecte. En effet, non seulement elle expose les participants à la recherche à la réaction de leur société avec des conséquences possibles aussi variées que leur mise en quarantaine, la mort, et ou encore, à la destruction du lien social ou à l’exposition indue et à la fragilisation des institutions qui transforment les terrains au sens strict en réels sites en danger. Comment cette restitution affecte t-elle la recherche et quelles sont les stratégies de contournement de tels risques ? En un mot, quels types de connaissance cette restitution produit-elle et sous quelles conditions doit-elle se faire ? Par ailleurs, et suivant le travail de Daniel Bizeul (1999), comment donner sa place à l’expérience sur le ‘terrain’ de sorte qu’elle ne soit plus de l’ordre du secret ou de l’impensé mais plutôt la traduction de moments certes déstabilisants mais féconds ?
3. La théorie.
Les disciplines. Le terrain ne peut se soustraire à la théorie. Dit autrement, comme espace de rencontre, le « terrain » et la manière dont il est conçu est déjà une forme de théorie qu’il faut rendre explicite. Ainsi, on peut, entre autres, se demander comment le choix du point de vue des acteurs se réfléchit –il sur l’élaboration analytique et théorique d’un objet de recherche, comment éviter l’addition effrénée des « data » sur un sujet donné, perçu comme sensible (pensons à l’homosexualité ou au transgenre, aux cultes minoritaires, à l’athéisme), et comment lui donner une intelligibilité qui contribue à la production de la connaissance disciplinaire ou interdisciplinaire. Comment le manque de statistiques, qui sont la plupart du temps « officielles », ou l’interdiction à leur accès impactent-ils non seulement sur les résultats factuels de la recherche mais trouvent aussi une résonnance dans la théorie qui lui sert de cadre ? Comment, enfin, réfléchir et concevoir la part de morale véhiculée par les théories elles-mêmes, notamment dans des situations où les élans naturels portent à la compassion ou l’indignation, notamment lorsque ces élans sont des conditions favorisant l’accès et le maintien sur le terrain ?
Pour en savoir plus et envoyer un résumé s’adresser à Ratiba Hadj Moussa, Professeur de Sociologie à l’Université de York, Canada: rhm@yorku.ca
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