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Les autorités ont lancé une nouvelle vague d’interpellations et d’expulsions des migrants subsahariens.

«Je suis dans un bus. Nous avons dépassé Djelfa. Je ne sais pas où l’on va.» Mardi matin, Sanogo, un migrant ivoirien, est transporté avec plusieurs centaines d’autres migrants subsahariens en direction du sud de l’Algérie. Le convoi d’autobus est encadré par la gendarmerie et le Croissant Rouge. Le jeune homme, manœuvre dans un chantier, a été interpellé la veille devant la porte de son domicile, à Blida, 55 kilomètres au sud d’Alger. «Des policiers m’ont dit qu’ils arrêtaient tous les Noirs, qu’on les emmerdait et qu’on devait rentrer chez nous», raconte-t-il, en précisant que les forces de l’ordre ont cassé les portes de plusieurs logements proches du sien pour pouvoir y entrer et y interpeller des migrants.

Depuis le début du mois de septembre, les forces de l’ordre algériennes ont procédé à l’arrestation de plus d’un millier de migrants subsahariens dans la capitale. Presque chaque jour, des gendarmes et des policiers interpellent principalement des hommes, dans la rue, sur les chantiers, dans les logements, dans les bus et dans les taxis. Cette semaine, les arrestations se sont étendues à la wilaya voisine de Blida et laissent craindre une extension de l’opération policière.

Bottes en caoutchouc

«J’étais au travail, sur un chantier géré par une entreprise chinoise, et d’un seul coup un convoi de gendarmerie est arrivé. C’était la panique, tous les ouvriers africains sont montés dans les étages du bâtiment en courant. Les gendarmes sont repartis, mais depuis on se cache dans le chantier la nuit et on dort à tour de rôle», explique Prospère, un Guinéen à peine majeur. «Si on t’attrape, tu perds tout. Tes économies, tes affaires, le salaire que te doit encore le patron. Alors on court dès qu’on voit la gendarmerie», ajoute Benoit, un Béninois.

Dans la périphérie ouest de la capitale algérienne, où les chantiers de logements emploient des dizaines d’ouvriers subsahariens en situation irrégulière, les entreprises sont inquiètes. «On ne comprend pas ce qu’il se passe, explique un chef de chantier qui demande à rester anonyme. Un matin, je n’aurai plus assez d’ouvriers pour faire le travail. On me demande de respecter les délais, mais je ne pourrai pas.» Dans une vidéo filmée par un migrant interpellé, on voit parmi les personnes arrêtées des hommes encore en tenue de chantier, bottes en caoutchouc et vêtements maculés de poussière blanche. Certains sous-traitants vont désormais chercher eux-mêmes les migrants avec lesquels ils travaillent, pour éviter qu’ils ne se fassent arrêter dans les transports en commun.

Source: http://www.liberation.fr/planete/2017/10/17/en-algerie-des-policiers-m-ont-dit-qu-ils-arretaient-tous-les-noirs_1603745

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